Notre vie s’écoule avec le regard tourné tantôt vers le passé, tantôt vers l’avenir. Le passé entraîne le regret. L’avenir appelle l’interrogation, dont la permanence engendre l’inquiétude. Entre le regret et l’inquiétude existe un présent insaisissable, sans cesse en mouvement. Pour conduire son idée musicale, le musicien ne doit jamais se retourner lorsqu’il improvise, c’est à dire s’interroger sur ce qu’il vient de créer. Avec la force intérieure qui l’habite, il lui faut avancer, en construisant sa phrase en une succession de temps présents. Cette continuité, qui ne fait sens que par sa fluidité, est le moteur vital de la musique. Pour alimenter ce moteur essentiel, le musicien doit apprendre à vivre le moment présent, être ici et maintenant, être “ dedans “. Avec “ Présences “, Armel Dupas, Joachim Govin et moi-même avons tenté l’aventure d’un temps présent sans cesse renouvelé. L’automne est ma saison préférée. Les couleurs et les éclairages y sont uniques. La nature incite à la méditation. Ici une allée de peupliers, là une fleur qui se fane. Plus loin, une autre allée et une autre fleur, inconnue celle-là, qui penche sa tête avec délicatesse. Une valse, venue des profondeurs de la conscience, engendre une rêverie sans fin. Toute aussi lente, une autre valse dérive vers le silence.
On ne vit pas: on tente de vivre. Soudain, le temps disparaît, pour reparaître un instant, puis disparaître à nouveau. Ainsi…sans fin. G.P
Présences – Enregistré Live le 16 janvier 2009 au Conservatoire de musique de Colombes (Région parisienne).
La Presse
- JAZZ magazine / JAZZMAN (n°609 – Déc. 2009)
Ceux qui ont eu l’occasion de l’écouter auprès d’Alain Gerber sur France Culture ou qui ont lu ses publications savent à quel point Georges Paczynski est passionné par son instrument. Rassurez-vous, “ Présences “ n’est absolument pas un album de batteur mais bien celui d’un trio, une formule que notre homme apprécie tout particulièrement. A l’exception d’un morceau composé par le pianiste, Paczynski signe la totalité d’un répertoire où dominent ballades et valses lentes. Comme le suggère le titre de ses compositions (La Valse taciturne, La Rose fanée, Le Lilas fatigué, La Valse inconsolable…), la tonalité du disque est plutôt mélancolique. On ressent toutefois un réel plaisir de jouer, particulièrement évident dans Méditation sur la vie, un long solo de batterie (le seul) qui débute tout doucement, comme intériorisé, puis gagne en intensité selon un schéma très personnel. Il n’y a là aucune démonstration de virtuosité, simplement un profond désir de partager sa passion, dont rend parfaitement compte la captation vidéo.
Jonathan Glusman